P
O
E
S
I
E
Nuit Américaine

JOURNAL DE PARIS

Déjà tant de chose oubliées
Tant de choses oubliées
Tant de choses à oublier

L’idée de purté une fois
née, tout était perdu
irrévocablement

Le Musicien Noir
Dans une maison sur la colline

Il y a anguille sous roche
Un squalette dans le placard

Désolé. Ça ne te concerne pas.

Un vieil homme, la fille
                           De qualqu’un

Se lève
et nous voit, silencieux, dans la salle
au piano désaccordé et aux mauvais
tableau

lui parti au boulot
sa nouvelle femme se pointe

( Les forêts-cierges de
Notre-Dame )

des nonnes mendiantes aux sourires
mouvants, petit sacs de velours
yeux cataleptiques

vagabondant vers les vitraux
Calendriers de mosaïque
Eclatante

J’écris ainsi
       pour te capturer

Donne-moi ton amour, tes yeux
las et affligés, qui aspirent à la 
délivrance

Un petit parc
caché – nous nous baladons

Et les affiches crient
une révolte inoffensive

les murs fatigués s’effritent,
graffiti dans le
ciment desséché

un vide suralimenté
poussière-d’horloge

Je me souvients des autoroutes

L’été, à tes côtés
Océan – frère

Orages passagers

Feux électriques dans la nuit

"pluie, nuit, misère –
les wagons de queue"

Secoue-moi ça ! Wanda,
Gras marécage en rade 
Femme

On a toujours besoin de toi

Secoue tes cuisses
Dodues sous cette
Tente du Sud

Alors quoi.

C’était vraiment dingue
Au départ elle était nue
Puis elle s’est habillée.

Un viel hôtel bon marché
des clochards dans le hall
clochars poseurs, d’une pauvreté 
satisfaite

De l’autre côté de la rue,
une salle de billard renommée
rendez-vous des acteurs

un ex-champion – foyer
des musiciens beat, des poètes
et des vagabons
beat

dans la tradition du Zen
venu de Chine jusqu’au
Métro
      en 4 vies faciles

Il quitta sa piaule en pleurant
ordres de la police
embarqués ses meubles, tous ses
disques et mémentos, et les reporters
qui comptaient sur des larmes et
des jurons contre la presse:

" J’espère que les junkies Chinois
                  auront votre peau"

oui, ils l’auront
car le pavot
mène le monde

Cette fleur
délicieuse

Cher Billy !

Te souviens-tu
du serpent
ton amant

fragile dans le sable
embroussaillé de ronces
et de cactus

Bien sûr.

Je me souviens aussi
Des étoiles dans la nuit
coup de fusil

bouffant de la chatte
jusqu’à ce que l’esprit
se clarifie

Dieu, ça roule

dans la Nuit Persane ?

	"Dans le canyon
	il y a un palais	
	où toi et moi
	sommes nés

	Maintenant me voilà seul
	Ramène-moi dans
	le Jardin

	Ombre Bleues
	du Canyon
	Je t’ai rencontrée
	et tu t’en es allée

	et mon rêve s’en est allé
	Ramène-moi dans ton Jardin

	Un homme en quête
	du paradis perdu
	Peut paraître idiot
	à ceux qui n’ont jamais
	cherché l’autre monde

	Là sont couchés les amis qui dérivent
	Follement dans
	Leurs jardins privés"

Le con fleurissait
et les murs tapissés
Frémissaient

Dans le miroir
un monstre est apparu
Pour narguer cette chambre
et son idiot
tout seul

Donne-moi des chansons
à chanter
des rêves d’émeraude
à rêver

Et je te donnerai
un amour sans voiles

Soleil

sous l’eau, c’était
tout de suite étrange
et familier

le garçon noir
en plongée, palmes et masque,

De ses narines coulait du sang
Cristallin et liquide
Tandis qu’elle émergeaient

Emergeaient et palpitaient
dans leur univers humide

Dans les profondeurs se trouvait un Royaume
Empire du sable immobile
et oui, de poissons
en couleurs de fête
- ils sont les dernier
                            à quitter
 
 La mer joyeuse
 
 Je te mange
 en evitant tes os
  verbeux
 
 et je recrache des perles
 
 La petite fille poussa
 de faibles cris de surprise
 quand la batte frappa
 ses flancs
 
 J’était là
 Près du feu dans la
 Cabine téléphonique
 
 Je les ai vus charger
 j’ai entendu le cri de guerre
 indien
 
 senti l’adrénaline
 de la peur ailée
 
 l’ivresse de la terreur
 ivre mort dans le 
 sang éclatant de la bataille
 
 Arrivés nus
 nous repartons meurtris
 pâte nue offerte
 aux vers mous et lents
 du dessous
 
 Voici mon poème
 je te le dédie
 Grande bête craintive et fleurie
 
 Grande épave parfumée de l’enfer
 
 Terrible et bienfaisante maladie

 peste d’été
 
 Sacré bon dieu de trou du cul
 Fumier de freak
 
 Tu mens, triche
 voles, tues
 
 tu te saoules de eaux
 grasses de la Folle
 avidité Sudiste
 
 tu meurs seul et complètement
 
 De la boue jusqu’aux bretelles
 Un nouveau venu dans tes 
 culottes
 
 et qui cela peut-il être?
 
 Tu le sais
 
 Tu en sais plus
 que tu n’en dis
 
 Bien plus que tu ne l’avoues
 
 Ange-putain merveilleux et servile
 tu m’as fait du bien
 
 Vraiment
 
 tu as été chouette avec moi
 
    Sur les trottoirs les piétons ont pressé le pas
 On se mêle au flot des passants. Soudain
 les flics, en formation, boucliers de plastique
 et visères, brandissant des matraques
 longues et minces comme des baguettes,
 déblayant la rue à contre-courant.
 S’approcher ou se tenir à l’écart.
 Les cafés rentraient les tables
 empilaient les chaises les unes sur 
 les autres, tiraient les barreaux d’acier
 parcs de sécurité. Sifflet à
 l’arrivée des fourgons. Soldats
 à moustaches. On quitte la scène.
 Dans les yeux de la jeunesse une lueur de méfiance.
 L’église. Une scène pastorale
 avec guitares, tambours, flûtes,
 harpes et amoureux. Après
 Shakespeare & Co., les restaurants
 et leur clientèle élégante, une rue
 transversale, le coin du Jazz
 ( Story Ville ) Nouvelle-Orléans
 en miniature.
 Des negros avec des chemises Africaines.
 Un orchestre de cuivres, musiciens de rue.
 " Fare well to my web footed friends "
 La foule sourit, sautille et chante.
 On passe. Boulevard Saint-Michel.
 La statue. La Seine. Feux de joie
 des paperasses qui vrombissent méchamment,
 le long du blvd. Voitures des pompiers.
 Odeur de fumée. On s’approche plus près
 encore plus près. Soudain des cris aigus
 ululements de guerre indiens et la foule
 se replie en courant. Pendant notre fuite,
 ils nous attaquent par-derrière,
 Ecrasés contre les tables des cafés.
 Métro et Kiosque à journeaux – Une
 fille est tabassée, ses cris. Je
 n’entends plus les coups. Pluie ( Un homme avec une bouteille )
 Tu me retrouves à la manif
 
 On se joint à des groupes sous les arbres
 sous la pluie. Grands édifices publics.
 
 Tu nous retrouves à la manif
  
 Nous devons attacher ensemble
 Toutes ces impressions désespérées
 
 Argent, beauté de
 
 	(la monnaie
 	vert pâle
 	      graisseuse
 	ornementée
 	    douce
 	texture
                sillonnée)
 
 	                     Peau ou cuir
 
 Se laisser glisser
 dans le sein chaud de la marrée
 
 Baiser labyrinthe humide
 
 creusant les puits
 chevauchant les mensonges
 
 tous creux et pieux
 
 Marcher dans la rue
 Rouler vers la plage
 Eclair d’un noyé
 Une Ville assiégée
 
 Le Désert
- bleu rosé métallique
 et vert insecte
 
 miroirs blancs et
 étangs d’argent
 
 un univers dans
 un seul corps
 
 Mélange bien arrosé de
       fumier et de lait paillé
 
 Connexions ténébreuse
       dans le forêt et la ferme
 
 élégance
       comme un plat tout grouillant
 
                     N’en Dis Pas Plus
 
 - On en a eu pour notre compte.
 - Tu l’as dit, bouffi.
 
 tu dois affronter
       ta vie
 qui, à la dérobée,
       se glisse sur toi
 comme un serpent lové
        extasié
 
 bave d’escargot
 
 tu devras l’affronter
                   l’inévitable
                         un jour ou l’autre
 Bloody Bones t’a bien eu !
 
 l’espoir n’est qu’un mot
            quand on pense en terme 
                                       de Nappes
 Le rire ne peut détruire
             sa drôle de sensation
             ni satisfaire notre
                                 étrange désir
 Des enfant naîtront
 
 Bienvenue à la Nuit Américaine
 là où mordent les chiens
 en quête d’une voix, d’un visage
                d’un destin et de gloire
 pour être apprivoisés
                 par la Nuit
 dans le silence ouaté d’une
                 voiture luxueuse
 Des auto-stoppeurs le long de la Grand-Route
 
 Cock-pit
 Je suis vrai
           Prends-moi en photo
 Il est vrai, pris
 La réalité est ce qui nous
                   a été caché
                        si longtemps
 la naissance le sexe la mort
 nous sommes vivants quand nous rions
 quand nous sentons le sang
                   affluer et jaillir
 le sang est vrai dans sa rougeur
 l’arc-en-ciel est vrai dans 
                      son absence de sang
 
 Attaque soudaine
 Poignardé, l’acéré mais sans
 douleur sans mort
 
- Zone de silence
 Propulsée
 étrangeté muette
 prise de conscience
 si gênante pour l’esprit
 pleine de vie, d’amour et de rire
 et du doux souvenir de temps
 meilleurs
         quand nous parlions et que les mots
                    étaient caressants
                          auprès du feu
 
 Voici ma forêt
 	une mer de fils.
 Ce troupeau de vision
 	est ma flammes.
 Ces arbres sont des hommes,
 	les ingénieurs.
 Et une tribu de fermiers
 	en repos Dominical.
 
 Dieux – les réalisateurs.
 	Caméras, Centaures
 grecs sur la flèche des grues,
 	glissant gracieusement
 Mobiles, silencieuses
 
 Vers moi –
 	un clown bondit
 Dans l’œil splendide
 	du soleil.
 
 Un grand danger réside
 	dans la courbe d’une cuisse.
 Le doigt vendeur –
 	seigneur.
 
 Danses et réjouissances
 	l’été reptilien
 Ils seront là bien avant
 	notre départ
 Lézardant au soleil
 	 sur le porche de marbre
 Alors qu‘en eux-même ils enragent
 	contre la chaleur engourdie
 D’une Ville envahie
 
 Le Royaume nous appartient
 
 Traductions du divin
 dans toutes les langues. Le Blues,
 Les disques te font planer,
 dans les armée / radios dynamiques.
 Le nouveau rêveur chantera
 à l’esprit avec des idées libérées
 des griffes de la parole.
 Stations attention pirate. Las Vegas T.V.
 Emissions de minuit.
 
 orage électrique
 		à l’avant
 pression barométrique zéro
 		forêt
 chien aux yeux bleus
 		suffocant dans la neige
 Orage dans la nuit
 		survol des déserts
 capitales de néon, Étendues sauvages
 		répercutés puis étouffés
 		    par des anges
 
 Vol de l’Ange
 	vers la plantation de tabac
 le relais routier
 	demain
 
 prépare-toi pour la Nuit
 	les rumeurs  s’éveillent
 graduelle sensation
 	d’apprentissage et de souvenance
 
 imagine un paradis au
 	cœur de la nuit
 	   l’un d’entre nous serait-il absent?
 
 La forme est un ange de l’âme
 	le cycle cheval homme
 	    enfant
 
 La musique, le sexe, l’idée sont les
 	courants de la connexion
 
 l’amitié sert de transition
 
 elle conduit l’âme loin de la 
 	stupide sournoiserie
 	     vers le soleil couchant
 
 Travail accompli
 
 Bienvenue à la nuit
 Bienvenue aux belles et sombres
 	pronfondeurs de la Nuit Américaine
 
 un homme prend le temps de mourir
 	déchets de son ambre
 
 traces boueuses de pieds de pourceauux
 
 dans les camps, avec leur bûches
 				noircies
 les étoiles tortueuses ont le chiffre
 				de la destinée
 
 Dieu, aie pitié de nous
 
 Abandonne le sens informé
 dans notre sillage
 tu seras Christ
 au cours de ce voyage organisé
- l’Argent triomphe de l’âme –

Derniers mots, derniers mots
fini

Et le froid frisson du vent mauvais
l’empreinte de la main d’un enfant
	sur la baie vitrée
et le fusil chargé porté 	
	sur l’épaule.
Feu dans la nuit
	attendant, dans une maison éteinte
	que la race cruelle et folle
	arrive de la ville
	s’enfonçant à tâtons dans la fumée
	et le fuel et des cendres en guise de lait
	et le regard malfaisant
	     ils aboient triomphalement
Qui pourrait donc les arrêter ?

L’arbre creux, où
	tous les trois nous avons dormi et rêvé
	dans le tournoiement
	des ombres et de l’herbe
Bruissement las des feuilles
Un veillard entraîne les danseurs
	sur un air d’autrefois
obscurcissement
des ombres rapides s’inclinent sur la
	chair des forêts
	pour permettre de respirer

Un éveil
Secoue tes cheveux pour en chasser les rêves
	Ma mignonne, ma douce
Choisis le jour, et le signe
	de ton jour,
	La 1re chose que tu vois.

Un arbre calciné, tel un oiseau
	préhistorique géant, une feuille.
sèche et âpre, contes craquelants
	dans la tiédeur de ses vagues.
Les dieux du trottoir feront l’affaire.
	La forêt du voisinage,
Le musée vide et déserté, et
La mesa, et le Monument gravide
De la Montagne surplombant le kiosque à journaux
	où se cachent les enfants
	      Quand l’école est finie

LA CROISÉE DES CHEMINS

Rendez-vous à la porte de tes parents
Nous te dirons ce qu’il faut faire
Ce que tu dois faire
pour survivre

Abandonne les villes pourries
de ton père
Abandonne les puits empoisonnés
et les rues souillées de sang 
Pénètre alors dans la fraîcheur de la forêt

La floraison
	d’êtres divins
dans l’air muet
	paraîtrait
		étrange
à un intrus
hors du commun

mais c’est tout ce qui nous reste
		pour nous guider
Maintenant qu’Il est parti

La putain Hystérique rit
	comme une veille fille
On te voit, vielle bique, retrouve
	tes esprits
Etendu, je délire
	Tu danses, silencieuse nubile
voulant être possédée
	récits inouïs
		osez Indiens vous relever
Ecrasés, comme le prépuce sacré
	des Peaux-Rouges
Le cancer s’est déclaré avec le cruel
	coup de couteau et la verge
endommagée s’est redressée
	à l’Est
		comme une étoile
			en feu

Dans cette obscure caverne
nous ne pouvons aller plus loin.
Ici l’argent est la clé
d’une vieillesse sans rides. Chevaux,
donateurs de culpabilité. Grands
sacs d’or.

Je demande l’obéissance !

Nous explorons ce théâtre
antique et démentiel, obsène
tels de luxuriants autels
d’églises.

Je confesse
aux foulards
froids parterres
rideau effleuré

Les acteurs sont deux fois bénis
devant nous. Ceci est trop
sérieux, trop sévère.

Grand mystère !
Passion éternelle
modelée dans la sérénité.

Pour toi le sexe
était un fil
qui nous relie
dans l’instant
sur cette pâle
planète.

Au poète
et à la cover-girl
photo en couleurs,
aux armées
qui se rejoignent,
dans le désert,
à Samson
et tout ses
généraux
désormais tenus
au silence avec
d’exotiques
archanges
crépusculaires, dans
des sommeils
Sumériens
et N.Africains.

Il y a foule au bazar
les danseurs sont florissants.
Serpentins et plaisirs.
Je t’emmène dans une cave louche
Appelée "Calipah".

Reste là écoute
et tu les entendras
minuscules formes juste au-delà
		de la lune
Etoiles-volantes, dards,
lugubres frondaisons
mâchoires de singes qui s’agitent
s’efforçant de battre l’appel
du matin

Cri du hibou.
Ecoute les vignes folles.
Le serpent de lait tampe, rongeant
impatient

Je te connais.
Celui qui est parti donner
l’alerte. Désabusé maintenant
d’humeur maussade. Transerft
différé.

Vole pour moi une pêche
sur l’oranger
gardien du verger

Elle est tombée.

Que fais-tu la 
main posé sur sa
poitrine ?

Elle est tombée, m’am.

Donne-la-moi. 

Bien, m’am.

Va dire au maître
ce que tu as fait.

Ils l’ont tué.

Plus tard.

Montant les escaliers
menottes aux poignets
vers sa cellule.

La déflagration d’un coup de feu
Derrière le dos.

I

Pas non piétinés
Rêves à la lisière
Occasion pour les pécheurs
vivant en apparence
voué à l’errance
seul sur la rive
murmurer pour le seul plaisir
Je ne suis plus
Suis comme bat mon cœur
vis comme je peux
murmurer pour le seul plaisir
sables lointains

II

Viens maintenant sur mon île mignonne
Toi, si lasse d’aller vers l’ouest
Le loin n’est qu’apparence
ainsi la solitude nous abritera
Viens sous ma voilure
telles des îles languissantes allons
jadis prospère et heureux
Je ne serai plus le marin
Serai-je Ohé matelot

III

Où étais-tu quand j’avais besoin de toi ?
Où d’autre que dans un havre
Paradis inébranlable ; ravagé, brisé
sans le sou et, pour nous relier, une chose ténue 

IV

Reptation d’un gamin sans le sou
		gaspilleurs tous des salauds
brassage Nord
		zone souillée
il était perdu
		loin dans un avion
tout là-haut
		longs baraquements ingrats
			la race du brasseur

cet ignoble équipage
		notre jet empoisonné
dieu donne-nous l’amour, donne-
		nous la vitesse
Pour nous ramener chez nous
		l’amour
Mutilé par les hommes
		qu’un rien peut couper
Logement public
		l’incroyable dommage
			peut être guéri

V

C’est ma petite amie :
Je ne dirai pas son 
		Nom mais je crois
que vous la connaissez déjà son
		Nom
		  est
Square feu insecte
marbre safran intro
demi-chiffon en flammes

c’est le même jeu
si vous le nommez
par son vrai nom à elle

VI

Elle vit dans la cité
	sous la mer
Prisonnière des pirates
	prisonnière des rêves
Je veux être avec elle
	je veux qu’elle voie
Les choses que j’ai créées
	coquillages qui saignent
Semences délicates
	d’impossible cuirassés

La libellule voltige
	tremblante et taquine
Les herbes folles et ses ailes
	sont terriblement en colère
Etre seul
et guetter l’aube
	Ça pourrait faier
une chansonnette à la noix
Qui parlerait d’une nana
	Que j’ai connue

C’était la star
	d’une attraction à 4 sous

Elle n’était
Ni moi ni toi
Tu peux me croire
Elle savait y faire

et dire à un gars au
bout du rouleau
"Hey,
bourreau des cœurs,
le temps va changer"

Alors
Que faire
Rester assis, tout seul
à mâchouiller ma godasse
J’ai beson d’un amour
Pas mieux qu’elle
Mais pas moins bien
Et aucun regret

Si tu peux me filer
un tuyau au Téléphone
Je serai une canaille
moins joyeuse et plus avisée

Je ne serai que ceci
à propos de cela
J’étais la souris
qui attrapait le chate

Je ne veux pas
Te dire comment je vois
les choses

Je veux simplement te
Dire – Je suis seul

Certaines images me sont nécessaires
       pour parfaire ma propre réalité 

Le Temps ronge comme l’acide
Avec des yeux ternis
Tu vois le temps s’enfuir

Le visage s’altère tandis que le cœur bat
et respire

Nous ne sommes pas stables
Nous sommes une flèche en vol
Le total de nos angles variables

Dans la voiture, son visage se métamorphosa,
yeux, peau et cheveux demeurent
les mêmes. Mais cent filles
semblables se succèdent

Les rêves sont à la fois le fruit de l’atrophie
des sens et une protestation contre elle.

    Rêver n’est pas une solution

Au réveil, nous parlions. Nous racontant nos rêves.
une explosion pendant la nuit

Une nouvelle sirène. Pas celle des flics, des Pompiers,
d’une ambulance à New York, ou d’un
reportage sur une émeute en Europe, mais l’étrange
sirène prédisant la guerre. Elle a couru
à la fenêtre. La chose jaune
s’était levée.

La peur est un portique où
	se glissent les vents du Nord
Un visage à la Fenêtre
	devient une feuille
Malgré le pressentiment de sa perte
Un aigle s’élève, avec grâce, au-dessus
D’un lapin brillant dans la nuit

Encore moite au sortir d’un rêve étrange
l’aube jaillit
balafrant le plafond
de la chambre où sont toutes les choses

J’étais assis près d’elle, sirotant un sherry frais

Aéroport.
	    ( Césure = antichambre de l’enfer )

Recommence: Au cas où les événements de ces
temps-là… Rêve d’inceste et d’expulsion
de la tribu. Grande Sœur. On appelle ça
la chaude-pisse. Viens donc par ici, perle nacrée.
J’étais vierge. Ça duré 10 secondes.
Alors ne le fais pas. "Je n’arrive pas à me relaxer."
Remonte les pantalons de cuir bien serrés pour le
					petit matin.
Ils m’ont abandonné, ils ont déserté la cause,
					[message
ou mot pour un autre dieu. "On te chasse
à coups de pied hors de notre univers!" Il a demandé
					[à te voir.
Ça ne m’étonne pas.

Le mystère du rêve
une femme, peut-être une fille,
cherche à se faire remarquer

Le Tueur – Mexicain, nu
	sauf ses chaussures.

Des gens, une famille sans liens apparents
se mettent en marche à un croisement hypnotique
après un arrêt sur image

2 hommes, des détectives, sur une
piste, passant au crible
des chambres sur cour mal éclairées, et
se consultent à voix basse. Chapeaux, costumes.
Des frères.

Des gens dans un bois, un parc.
Le Tueur se tapit dans son
	propre univers.

rêves d’enfants et de familles
retour à l’univers enfoui
pour assimiler et diriger les événements

Nouvelles-Orléans, sommeil, (ami
de la mort, sœur de la mort)
bétail, chevaux
des visages deviennent caoutchouteux, comme des
clowns peinturlurés, bêtement sournois, sages et avertis

Le mystère du vol
Etre dans le cerveau d’un oiseau
Le but – la fin d’une déesse
	Glisser gracieusement dans le pays du tombeau

Le Grand rêve
		Contre
Une violente mise à mort de 
	L’Esprit, du cou et du crâne
Blessé il est arrivé

	Le sombre Crépuscule Américain
La nuit comme une vaste
	conspiration pour rêver, tiennent
conseil dans le sable mouvant

Tijuana (1) – l’anus de la Nuit
	une civilisation en dessin animé
Les putains sont des trous des sonde dans la 
	Nuit Américaine

Qu’allons-nous voir dans les
	entrailles de la nuit, dans
Cet antre gelé où, sous nos yeux,
	les rêves sont frabiqués.
Prophétie sans argent.

Cette chanson doit avoir l’étrangeté
triste et banale des pièces
d’argent du royaume. Braises
d’amertume. Senteur de pinède enfumée
Nuit de feu, exercices spéciaux pour
l’accouplement. Un prétexte au
crime. Ecole de la
Nuit. Silence d’une école
la nuit

L’AMERICA

Rêves d’acide et Reine Espagnoles
	L’america ( une autre ?, seule ?, voix )
Enfant de l’asthme, le fumidor
	Lamerica
Duchesse, lapin, le bois près de la route
	Lamerica
Pearl Harbor – Chassée de la carte
	Lamerica
Conçue dans une Ville côtière
	Lamerica
Littoral ou Lacs adéquats
	Lamerica
Bourbiers, serpents, de l’eau dans les cavernes
	Florida
Homo/-sex/-ualité
	Lamerica
La Religion et la Famille
	Lamerica
Crash aérien dans la fôret à l’Est
	Virginia
Largué au-dessus des champs de riz
	Lamerica
Bande de guérilleros dans la ville
	Lamerica
Arbre amer de la conscience
	Lamerica
Une voiture fonce dans la nuit – la route
	Lamerica
Progrès de la Bonne Maladie
	Lamerica

L’AMERIQUE, GRANDE CORRIDA

    Ces Indiens, ces rêves, et
le be-bop in blue spinal, cosmique.
Les horreurs cosmiques. Les déliriums
cosmiques. Un combo de tissus
cérébraux, de sang, de merde, de sœur,
de sperme et d’acier, assaisonné de graisse
et de feu liquide, calendriers ovariens
Magnifiés sur la télévision
interne face concupiscente, miroirs
dans le Rien, le grand silence
ouvre les strates de monstres
préhistoriques chinois. Les bouches,
les bouches, PANSE cellulaire.
Une jeune Sorcière de
N.Y. conjure des sorts novices
sur ma boîte crânienne, projetant
des images de développement embryonnaire
sur ma psychologie.

Sa ferveur effarée
trouble mes facultés.
Baby, maintenant je pige tes
visions de cauchemar, et ta
tristesse et ta chiennerie

Merci quand même pour
Ces charmes. Cela fait
courir ma plume.

L’asticot braillard
groupe-tâtonnant qu’on appelle la vie.

Voici venu le temps de la barbarie du désert.

Capital de luxure.

Le temps pour une île, se
Soûler, écrire et naviguer.

« J’ai vu l’Enfer des femmes
là-bas. »

Les femmes sont démodées

« Un peu d’Vin – vise-moi cette fille »

On apaise les femmes avec
la nourriture, les chansons
le sexe, le mariage, les bébés

T’aimes les gosse, Jim

Ouais, certains sont gentils

J’aime bien ta femme

Démocratie des âmes
____________________________

Visite guidée
« Je suis un guide du labyrinthe »

la ville est la manifestation
d’un corps fait d’organes viande et
de centrales électriques

L’endroit où, flânant dans
la rue de la mort (« On dirait que tu l’es »)
cartes – AMERICUS – nous longeons
une rivière-veine.

donner forme au monde éphémère

Les autoroutes sont un drame, une nouvelle
forme d’art. Enseignes. Maisons.
Visages. Charabia bruyant de Noirs
à un arrêt de bus.

cimetière de voitures
Les voitures abandonnées
Leurs couleurs sont nouvelles, la nuit,
sous le néon
Les mort résident dans les voitures
- le veillard, crasseux,
   gardien du cimetière
Des enfants, curieux, lancent des pierres

s’il te plaît aime-moi
	dit la chipie
que puis-je faire ?
	je l’adore

Une Voix de femme :
	Le palais du sperme semble bien chaud ce soir

L’homme :
	Hum ! obscur obscur augure ruine.

La femme :
	Portiques de marbre. La grande salle de bal.

L’homme 
	Je ne veux que toi

La femme 
	Cette fois entre en moi comme un astronaute
	Envoie des serpents sur mon orbite

L’homme
	Ensemble on peut accomplir
		des miracles.

La femme
	Seule

L’homme
	avec la nuit pour guide

Ne panique pas
Parade Rue de l’Amour

Personne ne craint la loi

Quelqu’un s’est enfui
Vers le rivage

Ton image de moi / mon image de toi
	dans
ces scène d’une nuit
sur la grève

Ça ne marche plus

Parade souple
Brigade Rue de l’Amour

Ce soir je ramène à la maison
	ces quelques haillons
et les dépose à tes pieds
Misérable témoin
	d’un jour de tragique
	tristesse et de doute
J’espère que tu me trouveras en état de manque
Mets-moi au lit
Enivre-moi (mets-moi K.O.)

LA ROBE DE MARIÉE

Etendue sur son lit la future mariée
écoute les
Festivités en bas
Dans un rêve – il l’enlève

Etoile de mer gloutonnerie
Quels mots expriment
	une rencontre co(s)mique
le mariage de la chair et de l’esprit
	dans un seul corps

Nuit île tendre
Une promesse de fièvre
des circatrices éclatent
	dans les profondeurs de la fleur
et davantage de vert argent

Nous, en corps à corps dans le temple chaud de l’été
près du temple
si frais à l’intérieur
- Il prit ma main.
  Il me parla –

Les sabots d’un cheval noir galop course
folle du char du soleil incandescent
course effrénée char embrasé
jeune folle, jeune fou
Mon fils emplumé a volé
	trop près du soleil.

mouvant 
	un mouvement 
		loin d’une 
station

			(de passage)

Bruit d’une voiture solitaire et radio en sourdine

Un signe (au revoir aux parents)
	on s’éloigne
		d’un signe
			de la main
				un mouvement

étonnement
	un moment
		étonnant
			un signe
				d’au revoir

	(un appel radio intervient)

Euh, nous avons un message
			brak brak

Il suit une femme dans le firmament
Les solides, sonnets
réquisitions élaborées pour l’âme-dieu

ah, ma cité, les feux de tes joyaux
l’alliance d’une Veuve
enjôlant à la fois péquenots et marins
se figeant sur cette cime plate
pour participer du jais minéral
« il est malade » il devrait dormir
tranquille dans les airs, un film de nuits mortes
dans une blessure, souffre de faire rendre l’âme
à la flamme rouge-bleu de ton briquet
avec calme et précision
ta certitude se trouve dans une allumette
ou dans un esprit
Les huttes sont libres habitants des falaises le soir
Les arbres, perdant leur variance, meurent tristement
avec grandeur
O douce rougeur et bleu délavé
		comme la fenêtre d’un enfant
		Voici l’heure que tu gouvernes
	tu invites aux Aventures, aux quêtes,
	aux voyages vers la vallée électrique en bas

PROMESSES

"Homme Mana"

Il les introduit au sein de l’heure mystérieuse
Avec des jeux des chants des histoires l’hypnose
sauvagerie			l’île
Délivrés du servage		(là-bas)
Pelant perversement un fruit

Déguisés en "Joueurs"
Représentation de gala

Village diphane
vieille et fiévreuse forêt de voitures

ambiance cruelle
Léopard dans du serpent

lestes lions du doute
tapis à la fenêtre
attendant
qu’elle vienne

avez-vous des
	camisoles de force
pour les invités
	oui

La tentation originelle était de détruire.
Les Falaises. La Route. Les Murs.
L’héroïsme originel – bluffer les éléments
de feu. Entraîner les créatures dans la tempête.
L’héroïsme originel était de chuter. Baiser.
Le Tout. L’homme naturel.

Participer à la création.
Foutre les choses en l’air. Faire naître
les Choses.

La croisée des chemins où la voiture se cache.
Demeure. Réside. Lieu de rencontre
des Mondes. Fabrique de rêves.
Tout y est possible. Les démons
sont là.

La voiture est d’acier et de chrome. Un tas de bois.
Le haut du tas. Le monceau. Le cimetière.
Où le métal est réduit à son élément
muet et ordinaire. Renaître. Un conte
de renaissance dans le désert. Devenir
chaos puis revenir.

Au balcon, deux négresses, ou un roi
et une reine, font des commentaires.

Les différents types de société défilent sur la scène.
Microcosme dans un dé à coudre

	les temps changent, rectifie
à la hâte le sang du chat endommagé
sillons de cactus, arméria
sauvage catalogue de grâce

La chasse était intériorisée
des ombres humides s’élevaient vers l’occident
Vers l’étrange confiance
sur l’arc du sud

Amplifie l’accent traînant de l’orateur
allume la chandelle
La Nuit approche
et nous sommes surpassés en nombre

Près des vagues, chaque soldat
hérisse sa truelle
Pour nous fouiller, prétendant
Nous enseigner nos funérailles

L’esprit fait des merveilles
pour un temps, la lanterne respire
illumine, puis adieu

Chaque homme d’équipage rame pour compren-
dre et observe d’inoptiques accords
pour entendre :

Nous venons d’ici
		Pour aller là-bas

Ainsi informés nous nous étonnons
stupides au plus haut point
Un siècle très rarement
se ferme dans le sommeil
il brûle, il commence
______________________________
	 		
Les avions sont des mères gémissantes
Dans nos piètre guerres d’insectes.

Des préservatifs de nylon dégoulinent derrière elle
						[Guerriers
Troyens dans leur fuite atroce et convulsée

Largué, aspiré
de son ventre de métal,
il ne reste qu’un mince fil de fer prophétisant le
						[retour,
saute en liberté.

Avalant l’air dans le court canal.
Le sol bondit comme les chiens
pour happer, le champ, et le douloureux tournis.

Marécages, champs de riz, danger.
Abattus, plus de dix d’entre eux
se débattant avec le placenta humide

Tandis que d’autres réamerrissent dans les océans.
Plongeurs qui flottent, flottent en liberté,
dans l’utérus.

La mer est un Vagin qui
peut être pénétré à n’importe quel point.

Ah, la guerre était règle, puisque l’amitié
chancelait. Dans leurs appartements, des familles
se querellaient, comme à l’accoutumée. La race
						[souffrait.
Nous avons voyagé. Nous avons quitté le foyer et la
						[beauté.
Ah, dans ces navires, nous nous sommes précipités,
					[une nouvelle fois.
Ce que crée le pouvoir est lent à s’atrophier.
Garnitures d’emprunt. Amarres pour la saumure.
Paradis protégé, heure fixée. Les vents faisaient
						[fermenter
à la folie et rendaient le salon commun et race.

	Les équipages prirent congé de leurs concubines
							[acerbes
et de leurs habitudes. La mer n’est pas un endroit
						[pour une dame
Les gars blaguaient et batifolaient, pulvérisant les
						[vagues,
ils exploraient le profondeurs. Arche ! Arche !
Cathay ou Venise. Monde lointains, et
Mondes à venir.

	Il n’y a pas de morale à cette histoire.
	Défiez-vous du sommeil et du chagrin.
	Le joueur de fifre fredonne la berceuse de l’éveil
	et Conduit le robustes soldats vers une plage
					[balayée par les vents

ENSENADA  (1)
	
Encre noire, encre de Chine
Il n’y a plus de riches couleurs
Néon noir, quelques blocs plus loin,
S’éclipse en douce
dans la mer déserte.

Il y a un soupçon de sueur
sur la soie d’une peau Italienne.
Gifler cette face patibulaire, et tourner
dans la porte.

Puis réapparaître, avec tambours et verre
en éclats de rire joyaux comme celui
qu’on appelle « Le Gladiateur »,
Cheveux revendiqués par la flamme du feu

(Revenir est insultant.
Jour lugubre et redouté.)

La prison est un stérilet,
sec comme de la viande, gueule de chien,
intelligent

(Un beau chien et l’œil du fusil.)
_______

(1) Ensenada : Port du Mexique, en Basse-Californie, sur le pacifique.

Le chien et moi, nous sautons le mur,
Pour être pendu suffocant à la chaîne du collier de 
[force
Le copain suit et saute pour souffrir
Corde-gorge, creux, cri de folie.

(Dans ce « creux » nous sommes nés.)

Kaki Mexicain, la matrice verte.
Méfiez-vous de tous ces jolis mots tels que vert et
						[matrice.

(Obéissez au père.
Fuyez.)

Eclipsez-vous dans le paysage,
sec comme de la viande, poussiéreux, étroit.

Le chien lèche la merde
Une putain mexicaine me suce la pine.

(Fenêtres ouvertes sur la ville.
Portes ouvertes à l’air d’ailleurs.)

La voitures crisse tranquille.
Le moteur se détruit avec du fuel pourri.
La pompe est malade.
Le tuyau a un bec d’acier.
_________________________

Sa chair charrie la chair dans des rouleaux
et des vagues, Les eaux s’ouvrent
peau sèche sous les cheveux
nudité blanche et très précieuse

Et, quand elle quite le lit, la barge
Pour se baigner dans des céramiques d’océan
sous l’aveuglante lampe du chirurgien, clignant des
[yeux
Je me dore sur le sol rouge d’une Mer Rouge

Le crime commence au lit, chez soi,
C’est une marée basse qui parle
aux rochers, abandonnant la rouille
dans son sillage, et les choses desséchées qui crépitent.

J’ai baisé la lie des ruines
		d’un empire
J’ai baisé la poussière et
		l’horrible reine
J’ai baisé la nana aux
		portes des Mayas
J’ai baisé toutes vos femmes
		et traité de même
avec le respect dû à vos guerriers
		de retour du
		     Royaume
baisé avec les Négros
		dans les cabines des chauffeurs
Baisé les petits enfants du nord
		de l’Indochine
Marqués au Napalm et hurlant
		de douleur

paradis esquissé
	mes hommages
		non quand s’arrêter

Il y a quelqu’un à la porte.
Irruption d’un violeur.
Pas de mal. Pas de mort.

C’est nous, encore et toujours.

Nous entrons.
Très bien, fouille les lieux.
Tu ne trouveras rien.

Voir toutes les perspectives à la fois.

Quand tout se fige
et semble se replier
sur soi-même.

festoie bête verte, aiguillonnée par
le sexe, mûrie en silence, maintenue
en éveil, silencieuse dans la profondeur
blafarde de la nuit bête languissante un calme un con
une fleur s’éveille dans la forêt à présent respire
profère des reproches aux blancs et
vifs éphémère olympie de la nuit
La voiture de rêve l’étoile hors-la-loi
le voilà maintenant affalé dans un horrible manoir
rendu plus monstrueux encore par la mystérieuse 
[caresse
du someil

La voiture est une feuille de métal pourpre une bête 
[morte
dans la nuit. Elle a pour signe le néon elle est sa 
[résidence
limousine somptueuse voluptueuse la mort a fait 
[grâce
jeté au sol Il se trouvait au centre de
l’inconnu non loin du point de rencontre des mondes
Ce croisement dans le désert mouches le
Cadavre de sable batteries l’allumage
Qu’est-il arrivé ! Il crie à la caméra
Elle est étendue là, ensanglantée, blessures bleues
simplement pour nous dire sous nos chapeaux mous
c’est fini. Les flics sont des animaux de caoutchouc
froids et hautains comme des chirurgiens, mais sans

charme. Les ambulanciers sont des amateurs
de fortune, complaisants dans
cette corvée étrangère. Désormais les visages
ont disparu des falaises. « Je connais la prison »
et « Je connais le temps. »

Ainsi nous avons fêté le carnaval. Char. Chair.
Festin de la viande. Célébration du sang.

O les veinards qui aiment le pantomime

Élevage de reptiles. Élevage de serpents.
Femme et singe. Le signe. Le signe.

Cherche l’Arbre. L’endroit. Le bourbier
Grand Lugubre

On va dans deux directions. Esprit et Viande. (sexe)
Impossible d’unir ce qui ne peut l’être
Impossible de voyager sur deux routes en même 
[temps
	(La sienne partait aux quatre vents)

	Grenade à Main
_____________________________________________

Très brave
	cette rage
		pour tenter la solitude
			en Première page
			en grosse lettre d’or
avec Ali Khan et tout le reste
		Onassis, le Blues
	BB Albert Collins
		gin-tonic
donnez-lui un double martin i
			abattez-le
				le clown caracolant
précipitera l’empire
	qui tombera tourbillonnant
Creusant Tonnant Culbutant
			Enfer, O

(Je ne peux pas tomber
	plus bas, sur un
	Grand courant, et je suis plutôt
ivre, ivre mort)

Dieu merci j’ai la
Réconfortante promesse de
	la présence d’une femme pour
		me réchauffer

Voilà où ma chère poésie
	(poterie) m’a
			conduit,
		elle m’a
ramené à la Folie
	et aux gens qui m’ont
			fait
____________________________

Tu crois que je ne le sais pas !

ta poésie est si obsédée
j’aime me fous indifférents

L’Hôtel débauché
fleurs crasseuses sur ses murs
Le labyrinthe des entrailles
Évacuant lentement ses sinistres déchets
Ici des enfants jouent,
des enfants attendent ici et se balancent,
fatiguant celle qui se pâme dans le plein été
languissante près de la fenêtre
Esther est assise, maquillée
comme une reine, port dans
la tempête, sonnant l’alerte au feu
dans ses culottes, inscrivant à la craie
des mensonges délirants dans la rue obscure

LE BLUES

O comment a-t-on pu me  faire ça
Témoin du merveilleux danseur
Dieu, tu es un satyre déguisé
Déchirer et écharper ma vie
Aussi cruellement et en vain
Je vais me coucher ici dépossédé, dans le vent froid
sur la route, jusqu’à ce que la paix me 
glace,
et me sanctifie.
Spectre de bâtard grossier.
Ah ! Qui vient maintenant.

terreur d’un après-midi
		d’été
J’ai peur de rencontrer
	le reste de mes frères
en détresse
Ne pourrions-nous pas entrer dans un
		grand Ciné
Tout foutre sur une
		Grande Cocotte
		  et tout bazarder
			YAH
			YEAH
un autographe envoie ses hommages
		à sa Jumelle

chacun veut un Christ
	et personne ne le lui donnera
Mohammed, l’enchanteur
		Gardien des Harems

Bouddha, dans un jardin d’enfants
		sous son arbre, sans
un rayon de lune,
	une Pensée stupide pour toi
			et moi

(Cela ne veut pas dire que je désire
  ou souhaite être la proie des gens
	Dieu m’en garde)

	regarde le clocher
je ne suis qu’un imbécile
un impuissant, les yeux levés vers le ciel
___________________________________

un trou dans les nuages
où un esprit se cache
Pagodes – temples

dans l’espoir naïf de l’enfant

animal dans un tunnel
défini par la lumière
qui l’entoure

Ces subventions funestes
ces linceuls
autour 

La fin de l’arc-en-ciel

mettre tous mes phantasmes braillards
dans une Malle
géante

image de la propagation de sa propre image
image d’allégresse

Ongulation
borne 1er arbre

image d’Utopie
une tuerie de fantômes

innocent – coupable

Le Monde Humain
limité par les mots
et la poussière
de velours

confiance modérée

Ciel ou Enfer le cirque
de vos actes

Jouer
(ici le hasard est dieu)
au Carnaval

assouvir la culpabilité
La peur viscérale

La solitude séparée

Sinygog ouvre-toi
Sésame ouvre-toi

Le Parti des nouvelles connexions
esprit libéré
L’Amour ne peut te sauver
de ton propre destin

L’art ne peut apaiser
Les Mots ne peuvent apprivoiser
La Nuit

Décaper l’esprit avec des brosses
de diamant. Se purifier dans des Mandalas.
Le souvenir nous garde pervers et fervents.
Le temple du Temps. Qui partira le 1er ?
Silhouettes travesties blotties près des murs.
Une tête oscille lentement comme le balancier d’un 
[horloge.
J’arrive. Attends-moi.

Comment devenir
	révolutionnaire
	acteur
	    (prophète!)
	ou poète

Il y a toujours de bons amis
	pour vous aider et vous secourir
	lubie Mercenaire
	pour elle ou pour lui

D’abord devenez
	Visionnaire-Scientifique
	Radiocal biochimical
	Aviationnaire plongeur-du-ciel
Puis contactez votre comp-
table local (il vous dira
comment répandre les graines du doute)

Les femmes de chambre se chamaillent dans le
[couloir
Il fait chaud aujourd’hui
Parfum d’hier soir
Je suis couché seul,
Au frais dans cette chambre

Mon esprit paisiblement tournoie
comme les pages de marbre d’un
vieux livre

Je suis un squelette froid et blanc
Épouvantail sur une colline
En Avril
Le vent détend les arches
de mon Royaume osseux
Le vent traverse en sifflant mon esprit
et mon âme
Ma vie est un livre ouvert
ou une confession télévisée

OURAGAN ET ÉCLIPSE

J’aimerais qu’une tempête arrive
et que son souffle chasse cette crasse.
Ou qu’une bombe incendie la Ville et
Récure la mer. J’aimerais que la mort
Vienne à moi, immaculée.

Si seulement je
	pouvais sentir
Le pépiement
	des moineaux
sentir l’enfance
	me ramener
	  à elle

Si seulement je pouvais
	me sentir ramené
	  à elle
me sentir une nouvelle fois
	embrassé par
	   la réalité
Je mourrais
	Avec joie je mourrais

Le rêve s’achèvera
quand il aura
de l’importance

tout est mensonge
Bouddha me pardonnera
Oui, Bouddha me pardonnera

- Le cycle recommence

une tension de l’ego-familier, apaisante-attirante,
	obsédante, malade-maussade à rendre fou
	rappelle chez lui
		le vagabond rebelle

une musique mosaïque faite de toute image
	mélodies précédentes

Le sifflet ou le cri chaleureux d’une femme
	qui rappelle à la maison l’enfant qui joue

L’ÉCRAN EST NOIR.  On entend la voix d’un jeune
Homme en conversation avec des amis de remcontre.

		C’est pas des histoires, ce mec m’a dit qu’on
		pouvait passer la frontière, s’acheter une fille
		et la ram’ner. C’est c’que j’vais faire, j’vais
faire un tour là bas, j’en achète une, j’la
ramène et j’l’épouse. Pour sûr.

La voix d’une femme plus âgée :

		Billy, t’es complètement dingue ou quoi ?

	On entend le rire bon enfant de la femme, mêlé à
ceux d’un homme et d’un copain tandis que la voix
insistante de Billy s’élève et dit

				BILLY
		C’est pas des blagues. Ce mec me l’a dit.
		C’est la vérité et j’vais vraiment l’faire.

	Sur l’écran les images apparaissent en COULEURS.
Un couple est assis à une table dans le décor d’un
night-club d’une ville de frontière. C’est un plan
RAPPROCHÉ, pouvant faire penser aux Buveurs d’ab-
sinthe de Picasso. L’atmosphère est suggérée par les
bruits environnants, tels que des voix jeunes et
tapageuses, des jurons dans une langue étrangère,
des tintements de verres, les accords d’un petit
orchestre de rock. On pourrait apercevoir une dan-
seuse à l’arrière-plan. Peut-être les seins nus. Une
serveuse anonyme, apportant les consommations,
apparaîtrait et disparaîtrait de l’écran, dans un va-et-
vient.

Le HÉROS est ivre, il tente de persuader une 
Excitante putain mexicaine, serveuse dans le bar, de
passer la frontière et de l’épouser. La fille le tolère,
bien qu’elle soit en plein travail, se démenant avec les 
boissons. Elle l’écoute, car il le faut bien et, en outre,
il lui plaît. On peut même dire qu’il l’interesse.

				BILLY
		J’parie que tu n’veux pas venir
		avec moi parce que j’suis fauché.
		Alors écoute-moi bien. J’vais
		repartir là-bas et m’faire de
		l’argent, beaucoup d’argent, p’t-être
		même dix mille. Alors j’re-
		viendrai pour t’chercher. Compte
		là-d’ssus.

	Déterminé et ivre, il disparaît de l’écran en titu-
bant et zigzaguant. La caméra s’attarde sur la fille
qui sourit avec nostalgie et ironie en le suivant des
yeux. Puis elle empoigne un autre jeune Américain et
le fait asseoir à côté d’elle.

		                   LA FILLE
		Eh, mec, tu m’payes un verre ?

TITRE

		                L’AUTO-STOPPEUR
                           ( Une Pastorale Américaine )

Le film passe au NOIR et BLANC. L’aube sur le désert
américain ; il fait froid et Billy se tient, les épaules
remontées sous sa veste, au bord de l’autoroute. Le
soleil se lève. Longue séquence centré sur Billy, trois
voitures passant de loin en loin. On entend une
s’approcher et toute notre attention se porte sur ses
yeux qui scrutent. C’est alors que, se mettant bien en
évidence, il lève son pouce. ON PASSE à une prise de
vue latérale, sifflement de la deuxième auto passant
à toute allure. La troisième s’arrête, il se dirige vers
elle en courant avec mollesse et monte dedans.

INTÉRIEUR de la voiture, Un homme, la quaran-
taine environ, en complet-veston. Il demande sa 
destination à l’auto-stoppeur.

				BILLY
		                      ( marmonnant )
		L.A.

	Il est manifestement peu disposé à la conversation

                                                                LE CONDUCTEUR 
		Je ne peux vous conduire que jusqu’à
		Amarillo, vous devrez ensuite vous
		débrouiller pour poursuive votre
		route.

				BILLY
	( Pas de réponse. Aucun signe de reconnaissance. )

                                                                LE CONDUCTEUR
		Qu’allez-vous faire une fois à L.A. ?
		Avez-vous un job en vue ?

				BILLY
		( Pas de réponse. Il est en train de
		s’assoupir en dodelinant de la tête. )

	Tout en conduisant l’homme regarde de temps en
temps Billy, endormi, du coin de l’œil. Par la vitre,
on entrevoit le paysage américain.

	GROS  PLAN  sur la main droite de l’homme avan-
çant comme un serpent vers la jambe de
l’auto-stoppeur. Il hésite puis la touche au-dessus du
genou. Aussitôt Billy sort de sa veste un revolver .38
et braque le conducteur.

				BILLY
		Range-toi sur le côté.

	Profil gauche de la voiture, prise extrêmement
longue. On entend un coup de feu. L’auto-stoppeur
contourne l’arrière de la voiture, ouvre la portière et 
tire le conducteur, ou plutôt son cadavre, vers la
caméra jusqu’au ravin. Puis, après avoir vidé son
portefeuille de tout le cash, il remonte dans l’auto et
s’éloigne.

	Le môme se tient à côté de la voiture, son pouce
levé. Le capot est ouvert. Le moteur est tombé en
panne. Un policier de l’Etat ( on le comprend grâce
à son uniforme, son chapeau de cow-boy et son
badge ) s’arrête dans sa propre voiture banalisée.
Billy y monte. Le shérif est amical et bavard. Il
raconte à Billy qu’il rentre chez lui après avoir remis
deux dingues de sa prison locale à l’asile de l’Etat.

	J’ai dû leur mettre, à tous les deux, des
camisoles de force et les flanquer au fond de la
camionnette. Il fallait. Ils étaient complète-
ment déchaînés. Si j’les avais laissés libres de
leurs mouv’ments, ils se seraient mis à s’branler
et à se peloter, j’ai pas eu l’choix.

	Le tueur s’efforce de rester éveillé. Les effets de la
benzédrine commencent à s’estomper et il est, tout
bonnement, éreinté. Il lutte pour suivre la conversa-
tion de l’homme. Le shérif n’arrête pas de parler.
Billy se trouve dans cet état étrange, entre sommeil
et veille, et ne peut faire la différence entre les
paroles réelles et celles de son rêve. Le shérif pose
une question. Il répond et, dans un sursaut, réalise
que ce dialogues n’est qu’une création de son esprit.
Finalement il ne peut plus le supporter. Il sort son 
Arme et ordonne au shérif de se ranger sur le 
bas-côté de la route. Puis il l’oblige à ouvrir le coffre,
lui ordonne d’y monter, et rabat le couvercle d’un
coup sec

INTÉRIEUR de la voiture. L’auto-stoppeur, au
volant, poursuit sa route.

	Comme l’auto ralentit dans une rampe, le couver-
cle du coffre se soulève brusquement, le shérif tombe 
et roule dans la poussière. Billy voit tout ça dans le
rétroviseur. Il freine à mort, saute de la voiture et
revient en courant sur les lieux. A l’écart, dans le
désert, on voit le shérif courir comme un dératé vers
la caméra.

	Soudain il bondit et se jette à plat ventre derrière
une dune de sable, près de la caméra. Se plaçant dans
la position du shérif, accroupi et haletant, on observe
le môme qui se tient au bord de la route, scrutant le
désert, et qui finalement retourne à la voiture, monte
et s’en va.

	Revoilà Billy faisant de l’auto-stop. Il a évidem-
ment, abandonné le véhicule du shérif quelque part 
sur la route. Une voiture s’arrête. L’homme au volant
est jeune, sa femme et ses deux petits enfants, un
garçon et une fille, sont assis sur le siège arrière. Le
conducteur est sympa, il accueille Billy en lui disant
qu’il a lui aussi, souvent fait du stop et, de lui-même,
lui confie qu’il est de retour auprès des siens, après
deux ans passés au Viêt-nam en tant que pilote. Billy
sort son arme et, sans préambules, les menace de les 
tuer tous s’il refuse de le conduire là où il l’exigera.

	Il fait NUIT. Ils s’arrête dans une station-service.
Billy a faim, les enfants aussi. Il accompagne l’ex-
aviateur dans le superette de la station et prévient la
famille qu’ils ont intérêt à se tenir tranquille sinon
tout le monde y passera.

	INTÉRIEUR du magasin. Un vieillard miteux est
derrière le comptoir. Il lui commandent une flopée
de sandwiches au jambon. En gros plan, on le
regarde couper chaque tranche au couteau, avec une
grande minutie. Brusquement, le mari pivote sur lui-
même, empoigne Billy par-derrière, et ils se mettent
a tournoyer comme des forcenés tout autour du 
magasin, le père criant au propriétaire d’appeler la 
police.

				L’HOMME
		Arrêtez-le ! Il est armé !! Il va tous nous 
tuer !!! A l’aide !!!!

	Billy trouve le moyen de sortir son arme et ramène
de force l’homme à la voiture. Le propriétaire du
magasin, les yeux écarquillés, bouche bée, les regarde
s’éloigner, puis décroche le récepteur.

	LE MATIN. Un gamin trouve la voiture sur le bas-
côté d’une route secondaire, éclaboussée de sang. Il
ouvre la portière, au premier plan on aperçoit la
poupée de la fillette (en matière caoutchoutée imitant
la peau humaine), elle est maculée de sand.

	L’EXTÉRIEUR d’une cabane délabrée à la cam-
pagne. Bruits venant de l’intérieur. INTÉRIEUR de la
cabane. Reporters de télévision, de radio et journa-
listes, parmi eux une femme séduisante avec un
carnet de notes. Ils sont en train d’interviewer le père
du tueur, un viel alcoolo. Il est assez content d’être
soudain mis en vedette mais fait face à la situation
avec dignité et ironie.

				LE PÈRE
		Il a toujours été un gosse plutôt
		bizzard, surtout après la mort de
		sa mère. Ensuite il s’est calmé.
		Il n’avait pas beaucoup d’amis.
		Juste ses frères et sœurs.

				LA REPORTER
		Monsieur Cooke, avez-vous quelque chose
		à dire à votre fils ?

				LE PÈRE
		Oui. Billy, fiston, si tu m’entends,
		rends-toi, pour l’amour du ciel.
		C’que t’as fait, c’est vraiment pas
		bien. C’est pas bien c’que t’as
		fait, fiston. Et tu l’sais.

	Pendant cet appel la caméra s’est lentement rap-
proché pour effectuer un GROS PLAN du visage du
vieillard.

	INTÉRIEUR. Voiture. Nuit. Pluie. Un autoradio.
Une lueur jaune dans la voiture. La radio locale
diffuse le quart d’heure évangélique. Réunion pour
le retour de la foi. Le pasteur et son troupeau. Tandis
que Billy écoute, un flash-back par-delà la pluie et les
essuie-glaces. Un homme et un gamin dans les bois.
L’homme est le père de Billy et le gamin n’est autre
que Billy à l’âge de sept ou huit ans. Le père montre
à son fils comment on se sert d’un fusil. Il lui dit de
viser un lapin.

				LE PÈRE
		N’aie pas peur, fiston. N’aie pas peur.
		Appuie juste sur la gachette.

	On voit un lapin pris dans la lunette d’un fusil.

	Le lycée d’une petite ville, 15 h 30, la cloche sonne,
la classe est terminée. Les gosse jaillissent du
bâtiment et se répandent en un courant humain vers
leur drive-in préféré.

	INTÉRIEUR de voiture. Billy mange un cheese-
burger et boit un Coca. Par les vitres il suit les
mouvements de l’une des serveuses. Elle est en
pantalon et, avec lui, on lorgne son cul et ses cuisses.
Quand elle vient pour encaisser, il l’invite à faire un
tour. Le dialogue qui s’ensuit est montré en panto-
mime : le bruit des radios et le bavardage des gosses
couvrant leurs voix.

	Ils roulent sur une route de montagne. La radio
passe I can’t get no satisfaction des Rolling Stones.
Billy chante en même temps, sans aucune retenue et
Se contorsionne sur son siège comme un crapau.

	L’auto est garée sur un panorama rocheux, sur-
plombant l’océan. Il en descend et se met à danser
autour comme un cinglé, en poussant des cris
d’Indien. Il se baisse et se relève vivement, apparais-
sant et disparaissant tour à tour derrière les vitres.
Ses clowneries le font rire.

	Le couple s’est installé sur le siège arrière, on
devine leurs mouvements. On les entend soupier,
rire, parler. EXTÉRIEUR de la voiture. Ils descendent,
cheveux et vêtements en désordre, marchent côte à
côte sur un sol rocailleux et disparaissent derrière des
rochers. La caméra s’attarde sur ces derniers, forma-
tion des premiers âges. Alors, à un rythme particu-
lièrement infernal, on entend trois coups de feu.

	L.A., l’EXTÉRIEUR des toilettes d’une station-
service. Billy y entre.

	INTÉRIEUR, L.A. centre-ville. La caméra le suit à
partir d’une voiture alors qu’il erre au milieu de la
foule de Broadway et Main Street. On le perd
plusieurs fois de vue. Enfin on le voit jouer au flipper
dans une salle de jeu.

	GROS PLAN sur la boule de flipper en mouvement.
	
	Billy dans une cabine et photomaton. Flash des
lumières.

	GROS PLAN sur quatre instantanés : flash flash flash
Flash. Quatre visages de Billy.

	Billy est dans un débit de hamburgers. Il est en
train de manger, vu de dos, un Fusil apparaît à
gauche de l’image. Il se retourne, le voit et le fixe d’un
air ébahi.

	RETOUR EN EXTÉRIEUR, une rue. Séquence rappro-
chée, filmée à la main confusément. On le voit traîné,
tabassé, roué de coups de pied et poussé sur le siège
arrière d’une voiture (de police). Pendant la bagarre
des voix d’hommes s’élèvent exprimant une légitime
jubilation.

				LES HOMMES
		C’est toi la p’tite ordure qui a
		tué tous ces gens ! (coup) Tu 
		t’es payé du bon temps, pas vrai ? (Coup)
		Tu les as bien tués, pas vrai ?

	Les mains attachées derrière son dos avec des
Menottes, il lève les yeux, déconcerté, et dit :

				BILLY
		Mais j’suis un bon p’tit gars.

	Rires des hommes.

	Retour à la COULEUR. Un montage de photos,
documents sur la mort. Le corps de Che Guevara,
une crucifixion par un peintre hollandais de la
Renaissance, une corrida, un abattoir, des mandalas,
des choses abstraites. Un documentaire sur une
mangouste tuant un cobra, un chien noir courant en
liberté sur une plage. FONDU OBSCUR.

	EXTÉRIEUR de nuit. Sur les marches du Palais de
Justice, on voit l’auto-stoppeur descendre au ralenti,
comme dans un rêve, avancer langoureusement sur
une place déserte vers la caméra jusqu’à ce qu’il
recouvre l’objectif et paraisse le traverser.

	Maintenant vu de dos, il s’éloigne de l’objectif,
pénètre dans une région proche du désert et arrive
dans un cimetière de voitures. Il vagabonde dans
l’Eternité. Dans le dépotoir, trois personnes sont
assises autour d’un feu, faisant cuire des pommes de
terre sur la braise. Deux sont plus âgées. Un
homme, appelé DOC, tisonne le feu avec un bâton, et,
dans une posture craintive, une femme fascinante. La
troisième, un jeune garçon, muet, d’un âge indéfinis-
sable. Il est légèrement maquillé avec du fond de teint
blanc. Clochards de l’Etrenité, ils ne sont pas surpris
de le voir. Il s’approche du feu.

				DOC
		Alors, comment va, mon gars ?
		T’as remis ça, à c’que j’vois ?
		T’as faim ? Y a d’quoi manger si tu veux.

	Billy ne parle pas. Il regarde la lune. La femme a
toujours la tête baissée, ses cheveux couvrant son
visage.

				DOC
		Billy est rev’nu. Dame Bleue, t’entends ?
		J’te dis que Billy est d’retour.

	Elle lève les yeux pour la première fois.

			
LA DAME EN BLEUE
		Jour, Billy.

				BILLY
		Salut, Dame Bleue.

	Il regarde le graçon.

		Jour, p’tit clown.

	LE PETIT CLOWN frappe des mains et salue d’un
signe de tête et d’une crispation grotesque du visage.
Il restent assis et, pendant quelques instants, fixent
le feu. Ils mangent les pommes de terre. Alors Doc
se lève et dit :

				DOC
		Le soleil va bientôt s’lever.
		On f’rait mieux d’partir.

	Lentement, un par un, les deux autres se lèvent.
Doc éteint le feu avec de la terre et dit :

				DOC
		Tu viens avec nous, Billy ?

				BILLY
			        (perplexe)
		J’sais pas, Doc, j’sais vraiment pas.

	Doc sourit.

				DOC
		Eh bien, on s’verra plus tard, mon gars.
		Sois bien sûr que l’reste de la bande
		sera content de t’voir. Bon…

	Doc, le petit Clown et la Dame Bleue se mettent
en route vers le soleil qui se lève sur le désert
montagneux. De temps en temps, ils se retournent et
font un signe, le petit Clown sautant comme un fou
fait au revoir de la main.

	Tandis qu’ils disparaissent lentement, la caméra
revient sur Billy, l’auto-stoppeur, le môme, le tueur,
courbé au-dessus du feu qui s’éteint.
				FIN