P
O
E
S
I
E
N i c o l a s   L e j e u n e

Lassitude

Au point du jour meurent les infinies tendresse,
les muses de l'amour et leurs caresses.
Mon esprit meurt doucement,
le seul qui compte, le seul qui vit.
La naissance est un mensonge, une douce tromperie
qui s'effrite au premier instant.
Les voyageurs du silence marchent vers la lumière,
d'un pas lent, meutriers d'âmes,
un poignard d'argent contre mon sang.
Bardes éternels et clowns du crépuscule,
chantez le jour qui recule.
Versez le vin du secret aux ombres sans folie,
sans raison, au gré du vent des saisons.




Erogène

Des ombres magiques dansent sous un soleil sans lumière,
Scrutant les collones vermeilles dans un panthéon de chaire.
Sous la huitème colline descent doucement le voile humide d'un soir.
J'aime encore ce rêve qui n'existe plus.
Sous un océan d'étoiles, perdue, elle m'offre un bijou rose et noir.
La robe blanche du matin git près du puit des mille grâces, sans bonheur...
Et des géants au regard fou, silencieux derrière leur paravent mou, pleurent.




Lunaison

Fambées obscures et entraînantes
Au pied d'un arbre centenaire,
Sous lequel une âme folle et aimante
Embrasse le ciel triste et sans colère.

La solitude joyeuse au regard amoureux
Me tend ses bras fins et nerveux,
Tremblante et farouche comme le vent,
Elle me sourit tel un enfant.

Aux toiles sans peinture,
Aux rires sans éclat,
Sombres sens des âmes insensées,
Un mot pleure dans ses yeux.

Parole sourde d'un visage nu,
Vieille homme aux rides cures,
Et les pages lisses d'un cahier triste
Tachées par les larmes de ma plumes.