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Forum>Archives>Hwy: Dans le mille
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françoisT
3 Mai 2001, 19:50

Hwy: Dans le mille.

Sur le plan dramatique, l’intrigue est minimale. Le matin, un homme se baigne dans une source, à proximité d’un boisé, on entend des flûtes. Il enfile ses bottes, une veste, puis s’engage sur un sentier rocailleux, en direction de l’autoroute. Une bonne partie de la journée, il fait du stop sans succès. Peu de voitures, qui ne s’arrêtent pas. Il marche, aperçoit une vieille bagnole à moitié enfouie dans le sable, jette une lourde pierre sur le capot. Le rythme s’accélère, un automobiliste fait monter notre homme, le jour décline, on ne distingue pas le chauffeur, ou à peine sa silhouette. À travers le pare-brise, la route défile. Halte dans un relais routier. Revues à l’étalage, livres de poche sur un tourniquet. Retour à la voiture. Soudain, on perçoit les gémissements d’un coyote qui se meurt, vraisemblablement frappé par une auto. Un hélicoptère survole la scène. Deux, trois personnes, dont un flic, tournent autour de la bête. Dans une voiture garée, un chien se lamente à son tour.
Maintenant, le personnage principal est au volant de la voiture, il boit une canette de bière, roule vite, disparition du premier chauffeur. Après de menues péripéties, on approche des faubourgs de Los Angeles, on les traverse, ce sont des quartiers sans caractère. Enfin, on entre en ville, la nuit tombe, l’enseigne du Phone Booth clignote dans l’obscurité. L’homme pénètre dans une cabine téléphonique, appelle un ami, lui annonce qu’il a tué quelqu’un mais, sans témoin. On ne le prendra pas. Il va pisser aux toilettes. On entend du piano. Des gens cherchent à entrer dans un bar. Intérieur bar. Des coups de feu retentissent à l’extérieur, des sirènes inouïes sondent la nuit.

Mise au point

Il convient de voir ce film en tenant compte du scénario publié dans The American Night, sous le titre The Hitchhiker (an American Pastoral), scénario qui expose grosso modo la même intrigue, mais qui met en scène plusieurs personnages au lieu d’un seul comme ici. On notera aussi que le scénario comporte des dialogues, ce qui n’est pas le cas dans le film. D’après Frank Lisciandro, qui s’est chargé de la publication des écrits posthumes de Morrison et qui signe Hwy avec Ferrara, Babe Hill et Morrison «plusieurs scènes de Hitchhiker ont été filmées et montées afin de réunir les fonds nécessaires pour compléter le projet». En d’autres mots, Hwy est un moyen métrage, une sorte de bande démo, réalisé dans le but de trouver des producteurs qui auraient financé le tournage de Hitchhiker. Il faut rappeler aussi qu’à Hollywood, en Californie, ceux qui travaillent dans le milieu du cinéma sont contraits de respecter un certain nombre de règles strictes. Techniciens, acteurs, tout le monde est syndiqué, on n’est pas autorisé à travailler autrement. Ce qui explique les différences entre le scénario et le film. Morrison a tourné avec ses amis les plus proches, mais ne pouvait engager de comédiens sans mettre le doigt dans un engrenage fort coûteux. Les deux ou trois personnes qu’on aperçoit fortuitement autour du coyote à l’agonie ne jouent pas. Sans doute l’équipe est tombée par hasard sur un fait divers et a décidé de le filmer sur-le-champ. Il en va de même d’une autre scène, un peu plus tard, où on voit quatre enfants et pré-adolescents danser avec le personnage principal au bord de la route. Il s’agit assurément d’une séquence tournée sur le vif. Enfin, on doit supposer que la bande-son (flûtes, petits blues au piano, mélodies à la guitare et une chanson analogue à celles de Jefferson Airplaine), a été enregistrée par Morrison lui-même, ou des amis. Tout ceci pour dire que s’il est seul à l’écran, c’est moins par vanité que par économie. À ce propos, il est clair que Morrison n’a pas cherché à se mettre en valeur dans le sens hollywoodien du terme. On sent même qu’il a exigé des cameramen de le filmer sans fioritures. Il joue le rôle d’un type assez antipathique, un tueur, à aucun moment il ne prend des attitudes avantageuses, sinon que d’être lui-même.

Thématique

L’action se déroule en une journée, du matin à la nuit. Le personnage, un paumé sans foi ni loi, va du désert à la ville. Il n’a d’autre but ni projet que celui de joindre la ville au volant d’une bagnole. Il n’est guère pressé. En chemin — sur la route —, il s’arrête dès qu’un événement se produit, si minime soit-il. Il observe, consulte une carte posée sur le sol, emprunte des cigarettes au premier venu. Il est l’ultime auto-stoppeur, sans avenir, sans passé, qui «lève son pouce dans le paisible calcul de la raison». Il est celui qui s’oppose à l’ordre établi. Sans ambiguïté, le film renvoie à Riders on the storm, pour l’essentiel (If you give this man a ride, sweet family will die) et, vers la fin, avec les coups de feu, les sirènes dans la nuit, à la chanson L.A. Woman (motel, money, murder, madness). Signalons toutefois que ces deux chansons ont été enregistrées après le tournage du film, il serait plus juste d’écrire qu’elles lui font référence, et non l’inverse, bien que Morrison ait pu les composer à la même époque. Quoi qu’il en soit, ce thème de l’auto-stoppeur, seul, menaçant, allant du désert à la ville, revient si souvent dans ses écrits qu’il faut y regarder par deux fois. Dans le scénario, Morrison laisse entendre qu’à la fin le personnage est exécuté par la police, avant d’aller gambader dans l’éternité, avec des marginaux semblables à ceux de la pochette Strange Days: «Montage de photos représentant la mort. Le corps de Che Guevara, une crucifixion par un primitif hollandais», etc. La référence au Christ et à Guevara n’est pas insignifiante. L’auto-stoppeur ne fait que passer en ce monde. Il est libre, seul, il tue, ne s’attache à rien, n’enseigne rien, les forces de l’ordre le descendent. L’étranger vint en ville, tout le monde l’exécrait, mais les femmes aimaient ses manières, sa dégaine. Reviens encore, comme la pluie, la douce pluie qui tombe. On peut aller jusqu’à dire que le film de Varda, Sans toit ni loi, avec Sandrine Bonnaire, est une variation sur le même thème. Varda inclut d’ailleurs Changeling à la bande-son, référence directe.

Esthétique

Difficile de se prononcer sur ce point. Le film a été tourné en 35 mm, ce qui était presque un luxe, à l’époque, dans le cas d’un moyen métrage. À l’ordinateur, l’image demeure très réduite, probablement numérique, on ne peut pas juger de la qualité de la photo, ni de sa texture, choses qui ont un sens. Couleurs, intensités de la lumière, richesse ou pauvreté des noirs, impossible de savoir de quoi il retourne exactement.
Toujours est-il que Morrison n’a pas cherché à créer de «belles» images, ni à filmer des sites enchanteurs, ou paradisiaques. Hormis la source au début, les paysages, les faubourgs de L.A., l’ambiance de la ville même, sont tout ce qu’il y a d’ordinaire, cafardeux, sans grand intérêt. Le film flirte avec le documentaire, la fiction, et le cinéma-vérité, caméra à l’épaule. Ce sont des partis pris esthétiques. D’une part une pellicule 35 mm, d’autre part des paysages et quartiers crades, crasseux, cimetières d’autos, individus désœuvrés le samedi soir, chiens errants, garages miteux et, à la radio, des rengaines éculées, «This is my way», de Sinatra notamment. Le réalisateur a tout mis en œuvre pour éviter le «glamour» et les effets. On approche de la ville quasiment en temps réel, c’est long, ennuyeux, on n’en finit plus d’arriver, comme dans la vie, c’est pas la joie. Autant d’éléments qui ne soulèvent pas le spectateur d’enthousiasme et qui sont forcément voulus. L’aspect documentaire confine au témoignage, à la manière d’un journal. Morrison montre les choses comme elles sont, comme elles étaient en 69. Il suffit de comparer l’image du désert comme O. Stone l’illustre dans son film à celle que Morrison présente dans le sien pour mesurer la différence immense. Chez Stone, le désert est presque idyllique, pour Morrison, il demeure pesant, peu attrayant, minable. Quant à la ville, elle fait songer à une gorge noire qui attire, gobe, puis avale les autos. L’ambiance qui y règne suscite de l’inquiétude, de l’anxiété. Il ne se passe rien, mais on sent que ça tangue, que la violence rôde, les forces de l’ordre attendent le premier écart de conduite pour réprimer brutalement les désœuvrés. Un danger latent s’apparente au pouls de la ville, mais déjà, en filigrane, il était présent dans le désert. Reprenons ici l’explication de Godard, à propos d’un autre film: «Rossellini n’a pas cherché à provoquer un suspense artificiel en tirant les ficelles d’une intrigue également artificielle, il s’est contenté d’étirer un sentiment sans vouloir l’analyser.» Seule chose à déplorer: l’absence de femmes. Mais le scénario en prévoit quelques-unes, il y a tout lieu de croire que The Hitchhiker aurait été un long métrage.

Au rebours de tout le cinéma hollywoodien, commercial, et industriel, Morrison n’estime pas qu’un film doive être rapide, joyeux, brutal, ou captivant. Il mise sur le réel, le vrai, voire le déplaisir. Hwy est la chronique d’un jour dans la vie d’un auto-stoppeur, avec les minutes qui tournent lentement, désespérément, au bord de la route. En somme, loin d’être un échec, il frappe en plein le but que l’auteur s’est fixé: Donner envie de voir Hitchhiker. Et, pour les partisans de Morrison, il est la preuve que Jim n’entendait pas céder au consensus, ni aux compromis.
Ouf.
FrançoisT.

Nico


4 Mai 2001, 3:45
Ah ! Voilà un message clair, des explications précises et exactes qui feront, j'espère, réfléchir certains qui par manque de connaissance ou simple naiveté se sont permis de critiquer non pas un Film, mais un moyen métrage qui n'était pas destiné à être diffusé au cinéma.
Bravo !!! Une remarque : j'aimerais savoir si Agnès varda a vu ce film et ce qu'elle en pense : peut-être un bon moyen de l'aborder pour parler de Morrison avec plus de finesse... Si quelqu'un a ses coordonnées.
Intégral
4 Mai 2001, 17:48
Tout ceci mérite considération (et un peu plus, je dirais).
Jean
5 Mai 2001, 2:35
Je ne sais pas si Varda a vu le film,,mais si tu veux Nico j'ai ses coordonnées.
Nico


5 Mai 2001, 5:14
BANCO !!! Jean, je te remercie si tu peux me les faire parvenir par e-mail. Que personne ne s'inquiète... je n'irai pas la contacter demain, c'est quelque chose qui se prépare, en particulier avec Feast of Friend !!!
wildmaniak


5 Mai 2001, 13:44
hé jean et moi et moi et moi aussi je veux l'adresse de varda
cécé
5 Mai 2001, 14:57
Pfff...
Owild
5 Mai 2001, 15:38
Mais soulignons ce comuniqué de cécé:
pfff......
De quoi s agit il?
Un jour je me promenais ds la rue, et je me suis dit qu il serait sympa que je fasse qlqchose de ma vie. Mais voilà, aujourdhui j ai plus envie.
wildmaniak


6 Mai 2001, 14:05
Pour en revenir a Varda, je pense qu'il serait interressant de lui envoyer une lettre au nom du fan club francais, et de lui demander tout simplement si il y a certaines choses sur jim qu'elle a pas eu l'occasion d'aborder, et si elle serait interressée d'en parler pour le fanzine. J'ai pas trop suivi toutes ses interviews mais apperemment, tout le monde a l'air de la saoulait avec la mort de jim, alors qu'elle a peut etre des choses a dire sur d'autres points.
je suis con ou l'idée est pas trop mauvaise?
Jean
6 Mai 2001, 14:57
C'est ce dont à quoi j'avais pensé au début: de faire une lettre au nom du futur fan club, d'abord pour informer Varda et ensuite pour ouvrir un dialogue entre elles et les fan. Mais seulement quelques personnes m'avait ralé dessus et voilà que maintenant tout le monde est interessé!
Le mieux c'est donc de faire une lettre de la part du fan club, quelqu'un préparerait la lettre et la mettrait sur le forum, ensuite les gens rajouterait des choses qu'ils souhaiteraient voir apparaitre et ensuite on envoie tout ça!
Par la suite pour le fanclub j'avais pensé faire une partie ou l'on interviewerait les gens qui ont connu Jim (d'abord à Paris : Larivière, Muller, Ronay...)
Ps: j'ai l'adresse de sa boite de prod' et de sa maison de vacances mais j'ai pas encore réussi à avoir son adresse perso!
Salut!!!
françoisT
6 Mai 2001, 18:46
Vous n'êtes pas forcément con, mais vous ne voulez rien entendre. Interrogez tout le monde sauf Varda pour l'instant. A moins que vous m'aimiez vous faire traiter comme de la merde sur une pelle. Elle l'a déjà fait, alors allez-y à votre tour. À l'abordage ! Vive les corsaires.
jean-philippe
7 Mai 2001, 4:54
A mon avis elle ira même pas au bout de la lettre.

Et si en entete il y a marqué Fan Club, eh bien elle ira même pas au-delà de l'entete. De là à s'enteter.
Jean
7 Mai 2001, 5:52
Donc moi je pense que Varda n'est pas un monstre! Il doit bien y avoir un moyen de réouvrir un dialogue entre elles et les fans! Si elle se tait déjà c'est parceque il ya certaines choses qu'elle ne veut pas crier sur les toits et parceque elle a déjà pas mal été embéter par d'autres (Muller:qu'elle a menacé de trainer en justice).
Il parait aussi que Varda en marre de l'exploitation commercial qui tourne autour de Jim, donc si elle sait que la lettre vient de fans et non de gens qu'ils veulent se faire de l'argent alors peut-étre...
Nico


7 Mai 2001, 7:56
Il ne faut pas le faire, pas encore. Depuis 30 ans Varda est emmerdée par toutes les sortes de fans de France et du monde entier. Elle a dû tout entendre et doit avoir le mot fan club en horreure. Alors avant de faire quoi que soit, il faut réfléchir au meilleur moyen de l'aborder. Et j'avoue que vouloir jouer la carte de l'honnêteté avec le papier en tête est louable mais c'est une grosse connerie.
Jean
7 Mai 2001, 11:11
Je suis d'acord avec toi, mais pourquoi vous voulez tous son adresse?
winnizkid
7 Mai 2001, 12:25
(jean-philippe, tu as bien reçu Hwy?)
françoisT
7 Mai 2001, 18:28
Cher Jean, tu es un marrant, mais tu auras peut-être remarqué que je ne l'ai pas demandé, cette adresse. Tu me diras, il vit au Québec. Non, non, j'aurais pu. Je connais assez de gens sous tes latitudes.
Bon. Tu veux faire quelque chose, ne pas rester assis sur ta chaise. Très bien. Retrouve-nous donc les coordonnées de Zouzou et/ou d'Elisabeth Larivivière. Ça devrait t'occuper un bon bout de temps, mais ne te méprends pas, c'est de la première utilité. Je suis sincère. Ce serait un sacré bon coup.
Varda, oublie-la, elle te raccrochera au nez. C'est exactement ce qu'elle m'a fait en 81.
Puisqu'on parle de 81, allez faire un tour au Père Lachaise le 2, voire le 1 juillet. Je suis à peu près certain que le site sera fermé le 3. Une intuition. Mais de celles qui voient juste. Autrement dit, trouvez d'ores et déjà un café pour vous rejoindre. Conseil d'ami.
Jean
7 Mai 2001, 18:38
Ok François de toute façon je n'allais m'engager en rien et je pense que Varda va etre solliciter par d'autres journalistes d'ici le 3 juillet. Donc vaut mieux qu'elle se mette en rogne avec les journalistes que avec les fans!
Sinon tu viens François le 3 juillet?
Je vais partir à la recherche de LArivière
winnizkid
7 Mai 2001, 18:44
Pour ce qui est du 3 juillet, on a déjà prévu le coup, merci bien François, mais il est de notoriété publique que le Père Lachaise sera fermé le 3, ton "intuition" n'est qu'une confirmation de plus.
Cela-dit, c'est ce jour qu'il y aura le plus de fans devant le cimetière, et ce qui compte c'est la rencontre, ce n'est pas vraiment le fait que ça se fasse sur la tombe. Donc non, pourquoi se réfugier dans un café? Les trotoirs qui longent le Père Lachaise sont suffisaments larges pour permettre une gigantesque réunion des fans du monde entier et ainsi engager le dialogue. Alors non, on ne va pas se terrer dans un café comme tous les jours de l'année!!
Et c'est ça le plus important.
SUSAN
17 Aoû 2003, 22:09
Alors, quoi de neuf à ce sujet ?

Au faite, l'adresse de Larivière, je l'avais (peut-être même que je l'ai toujours.)il faut que je regarde dans mes archives.

...
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